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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Je me vois le vit tout entortillé,
Tout emplâtré de vérole et de rogne :
Je suis réduit à m’en aller à l’hôpital.

Voilà ce que j’ai gagné à aller en moniche ;
Mais si j’en guéris jamais, nom d’un monde !
Plus jamais je ne mange de cotillon.

Si mon vit bande, qui sait ? plus tard,
Ou bien je m’entendrai avec le doigt majeur,
Ou me divertirai toujours dans le petit rond.


PARALLÈLE ENTRE LA VÉROLE ET LA PRISON

Compère, vous voilà dedans et moi aussi ;
Vous êtes en prison, et moi à l’Hôpital,
Vous pour le jeu, moi pour mon instrument ;
Si vous êtes en peine, moi je suis en tourment.

Ce sont des plaisirs ne durant qu’un moment
Qui sont cause à tous deux de notre malheur :
Vous perdez vos rentes, et moi mon capital,
Et si vous vous plaignez, moi je me lamente.

Il est à nos deux cas une seule différence :
Pour avoir trop tiré je suis flambé,
Vous, pour ne tirer point, vous êtes en peine.

Quel état est le pire du vôtre ou du mien ?
Moi, je suis un cadavre avant que d’être mort,
Vous avant de mourir vous êtes enseveli.