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LE RUT OU LA PUDEUR ÉTEINTE


prendre cette liberté qui, dans une autre saison, ne serait pas pardonnable. Je sais que vous avez du bien, mais vous n’êtes pas majeur, et vos parents tiennent la bride courte à votre dépense. Souffrez donc, s’il vous plaît, que je vous donne cette légère preuve des services que je voudrais être capable de vous rendre[1] ; conservez, si vous m’aimez, ces cheveux, et surtout soyez faitement persuadé qu’il n’y a rien au monde où je me porte volontiers pour entretenir en l’honneur de votre amour la trop heureuse Dorimène. »

Céladon trouva le procédé de Docimène si honnête et si à propos qu’il lui en marqua ainsi sa reconnaissance :


Réponse de Céladon à Dorimène.


« J’ai peu mérité tant de bontés, adorable mignonne, et c’était assez pour me rendre sans pareil, que vous eussiez répandu sur moi l’honneur de votre choix, sans jouter de nouvelles faveurs à cette première. Toutefois, j’accepte ce présent, mais ce n’est que dans la pensée où je suis de faire tirer votre divin portrait, afin d’avoir toujours devant les yeux et pour fidèle témoin de mon amour l’unique beauté dont mon

  1. Il était de bon ton, avant la Révolution française, chez les gens riches, de subvenir aux besoins des gens de lettres, soit en les pensionnant, soit en payant les éditions des œuvres qu’ils vous dédiaient.