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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


Sa folie est liée à son débile cœur,
Son cœur la communique à sa malheureuse âme ;
Son âme la répand à gros flots au dehors,
Elle en forge des fers à son dangereux corps ;
            Son corps obéit en esclave,
            Et cet esclave est si brutal
            Envers Dieu, qu’il hait et qu’il brave,
            Qu’en se jouant il se fait mal.

J’étais seul chez le marquis du Grand-Pérou, un matin qu’elle vint me rendre visite. Bien qu’elle marchât à pieds nus, à la manière des Indiennes, sa gloire ne laissait pas d’éclater à sa confusion, et son orgueil semblait être venu faire insulte à son humilité. Elle se coucha d’abord dans un hamac et me dit qu’elle venait s’entretenir avec moi sur un service que je pouvais lui rendre sans désobliger personne. « Je crois, lui répondis-je, que votre entretien n’est guère nécessaire à salut ; néanmoins vous pouvez proposer, et s’il y a quelque chose de raisonnable dans vos demandes, je pourrai peut-être vous satisfaire. »

            Cette scrupuleuse façon
            De lui promettre quelque chose
Fit naître un tendre ris sur sa bouche de rose,
Où l’amour me tendait un subtil hameçon.

« Vous savez bien, me dit-elle, que je suis brouillée avec le marquis du Grand-Pérou ; mais peut-être que vous n’en savez pas la cause, et je m’assure que vous