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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


quand votre volonté épurée les déteste et les abhorre ? Il faut donner le consentement pour faire le crime ; il vient de lui seul, et cette pureté qui demeure au milieu des corruptions est une huile sacrée qui se conserve dans des vases fragiles et impurs !

— Quoi ! vous pourriez vous résoudre, lui répliqua-t-elle en répandant quelques larmes, de donner encore à cette misérable le nom illustre de femme, et la pourriez-vous recevoir dans vos bras après avoir été arrêtée par ceux d’un autre ? Vous n’y pensez pas, Schelicon, quand vous croyez qu’une femme dont les inclinations sont si nobles et si vertueuses puisse vous regarder après cette disgrâce, sans mourir de déplaisir.

Schelicon, après avoir essuyé ses larmes, la caresse et lui donne mille baisers avec des emportements plus passionnés qu’il n’avait jamais eus, soit parce qu’il l’avait trouvée plus belle et plus aimable dans les bras d’un autre que dans les siens, ou par d’autres raisons. Il l’interroge, lui demande toutes les petites circonstances de ce qui s’était passé, si elle avait eu quelque chatouillement et si Cléandre avait ressenti les derniers ravissements. Elle lui assure qu’il n’avait pas pu, par les efforts qu’elle avait employés à le repousser. Et par cette assurance qu’il reçoit, il conclut qu’il n’y était rien allé du sien, si bien que, l’embrassant avec un transport amoureux, il la porte sur un lit.

— Ah ! vous ne n’aimez pas, lui dit-elle en se