Page:L’Évangile de la raison, ouvrage posthume.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 217 )

Les criminels sont des monstres qu’il faut étouffer en les plaignant, leur supplice en délivre la société, et épouvante ceux qui seraient portés à leur ressembler.

On ne doit qu’à son tempérament même les bonnes qualités, ou le penchant au bien, et il n’en faut point faire honneur à une certaine raison dont on reconnaît en même temps l’extrême faiblesse. Ceux qui ont le bonheur de pouvoir travailler sur eux-mêmes, fortifient les dispositions naturelles qu’ils avaient au bien.

Enfin ce système ne change rien à l’ordre du monde, sinon qu’il ôte aux honnêtes gens un sujet de s’estimer et de mépriser les autres, et qu’il les porte à souffrir des injures sans avoir d’indignation ni d’aigreur contre ceux dont ils les reçoivent. J’avoue néanmoins que l’idée que l’on a de se pouvoir retenir sur le vice est une chose qui aide souvent à nous retenir, et que la vérité que nous venons de découvrir est dangereuse pour ceux qui ont de mauvaises inclinations. Mais ce n’est pas la seule matière sur laquelle il semble que Dieu ait pris soin de cacher au commun des hommes, les vérités qui leur auraient pu nuire.

Au surplus, ce système est très uniforme, et le principe en est très simple : la même chose décide de l’esprit naturel et des mœurs ; et selon les différens degrés qu’elle reçoit, elle fait la différence des fous et des sages, de ceux qui dorment et de ceux qui veillent, etc.

Tout est compris dans un ordre physique, où les actions des hommes sont à l’égard de Dieu la même chose que les éclipses, et où il prévoit les unes et les autres sur le même principe.

Hœc refutando transcripsi digniori modo sentiens deliberate.