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TRAITÉ
SUR LA LIBERTÉ,
Par M…
DIVISÉ EN QUATRE PARTIES.
PREMIÈRE PARTIE.

On suppose toujours la liberté des hommes et la prescience de Dieu sur les actions libres des hommes, et la différence n’est que d’accorder ensemble ces deux choses-là ; cependant, ni l’une ni l’autre n’est pas trop prouvée. Peut-être même s’embarrasse-t-on d’une question dont les parties ne sont pas vraies. Je prends la chose de plus loin, et j’examine, premièrement, si Dieu peut prévoir les actions des causes libres ; et en second, si les hommes le sont.

Sur la première question, je dis que j’appelle prescience toute connaissance de l’avenir.

La nature de la prescience de Dieu m’est inconnue, mais je connais dans les hommes cette prescience par laquelle je puis juger de celle de Dieu, parce qu’elle est commune à Dieu et à tous les hommes.

Les astronomes prévoient infailliblement les éclipses ; Dieu les prévoit aussi.

Cette prescience de Dieu et cette prescience des astronomes sur les éclipses, conviennent en ce que Dieu et les astronomes connaissent un ordre nécessaire et invariable dans le mouvement des corps célestes, et qu’ils prévoient par conséquent les éclipses qui sont dans cet ordre-là.

Ces presciences diffèrent, premièrement, en ce que Dieu connaît dans les mouvemens célestes l’ordre qu’il y a mis lui-même ; et que les astronomes ne sont pas les auteurs de l’ordre qu’ils y connaissent.