Page:L’Étourdi, 1784.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
L’ÉTOURDI.


„ t’appeſantiſſant ſur ta tendreſſe, tu t’abuſes en prenant pour de l’amour ce qui n’eſt en nous qu’un goût vif pour le plaiſir & la galanterie. Il n’eſt pas étonnant qu’à ton âge, & qu’avec un cœur auſſi brûlant que le tien, l’on ſe trompe ſur ſes ſentimens. La vapeur de ces mouvemens qui nous tiennent comme enchantés, ne ſe diſſipe que lorſqu’elle ceſſe d’être nourrie par la préſence de l’objet qui l’a fait naître, ou par des lettres fréquentes qui en émanent. Ceſſe d’écrire à ta maîtreſſe, & tu verras bientôt la preuve de ce que je te dis.

— Ah ! Serfet, qu’oſes tu me propoſer ? Rompre auſſi durement avec une femme qui mérite le plus d’égards, déchirer l’ame la plus délicate ! — Eh bien ménage ſa ſenſibilité, ne mets plus dans tes lettres le même feu, retranches-en ce délire auquel tu dois les aſſurances de ſa tendreſſe, car, crois moi, ſi tes lettres ne portaient pas avec elles l’empreinte de la plus vive ardeur, il y a long-temps que tu n’y recevrais plus de répon-