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L’ÉTOURDI.


vent qu’un long voile, en faveur duquel elle fait de rapides progrès.

Je t’aſſure, Deſpras, que je n’ai jamais regardé le goût que Madame de Larba avait pour moi, comme un de ces goûts paſſagers que quelques charmes font naître, & qu’un inſtant détruit. Du moins toutes ſes démarches me le prouverent, juſques au moment où le Chevalier de Serfet me força, pour ainſi dire, de m’arracher de ſon cœur, ainſi que tu l’apprendras dans la ſuite de mes lettres. Accablée ſous le poids de l’abſence, & dans l’impoſſibilité de voler où j’étais, elle forma le projet de m’attirer où je l’avais laiſſée. L’aſcendant qu’elle ſavait que mon frere avait ſur l’eſprit de mon pere, était l’inſtrument qu’elle voulait employer pour notre réunion. Le ſacrifice de ſes jours n’était, à ce qu’elle m’écrivit, qu’une faible preuve de ſa tendreſſe.

„ Rien ne peut te la dépeindre me manda-t-elle ? Mes careſſes ſont les ſeules expreſſions qui puiſſent t’en donner une idée. Mon cœur eſt flétri par la douleur, & deſſéché par l’a-