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L’ÉTOURDI.


trop faits l’un pour l’autre ; la chaîne en était formée par la nature ; il ne manquait que l’occaſion de la nouer ; elle ſe préſenta, l’amour ne fit que la reſſerrer davantage. Je l’aimais, je lui déclarai, je lui plaiſais, elle me l’avoua, en fallait-il plus pour la ſeconde entrevue ? Elle fut même ſi préjudiciable au Chevalier, qu’il ſe trouva qu’en nous quittant il n’avoit plus d’amante.

Il était à propos de trouver quelque prétexte apparent qui pût nous délivrer de ſes importunités. À chaque courrier, il nous aſſommait d’élégies. Euphroſine qui avoit plus d’expérience que moi, ſe chargea de ce ſoin ; elle lui écrivit que ſes parens deſiroient l’avoir auprès d’eux, & que l’ordre & l’arrangement de ſon départ étoient fixés. Elle lui marqua combien cet événement contrariait ſes deſirs & affligeait ſon ame, en mettant fin à leur commerce littéraire.

Quel coup pour Nanlo qui idolâtrait ſon amante ! À peine pouvoit-il y ſurvivre ſuivant ce qu’il me manda ; il maudiſſait à l’envie les ſaints du paradis, & les diables de l’enfer. Mais ſoit

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