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L’ÉTOURDI.


digeſtions ; & ſon eſtomac eût pu cuire toute ſa nourriture dans le peu de temps qu’il faut pour ſe déshabiller. Il fallut donc paſſer de la table au lit, & la Dame ne fut pas trop fâchée de cette conjoncture, parce que la coutume de Monſieur était de s’endormir ſans délai, & de ne ſe réveiller qu’à ſix heures du matin. Sa femme feignit vîte de s’endormir pour mieux veiller, & ſitôt qu’elle eût entendu les ſignaux du ſommeil de ſon époux, elle ſe leva le plus, doucement qu’elle put, & hâtant ſa toilette, elle ſe rendit à l’aſſemblée, où elle danſa & reſta juſques à quatre heures du matin qu’elle s’éclipſa, afin d’être déshabillée, couchée, & endormie avant que ſon mari pût s’aviſer de ſe réveiller. Par malheur cela lui était arrivé au milieu de la nuit, & ayant cherché ſa femme, dans le lit ſans la trouver, il s’était douté du tour, & en avait prémédité un autre.

Dès qu’il eut les yeux ouverts, à l’heure de ſon lever, il s’aſſura qu’elle était revenue, & tout préoccupé de ſon deſſein, il s’habilla, & paſſant deſ-