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L’ÉTOURDI.

Je voyageai en curieux, fus voir tout ce que je trouvai d’intéreſſant, viſitai tous les beaux monumens, toutes les Égliſes, ſans avoir eu le deſir d’entrer un inſtant dans le temple de la volupté.

Je parcourus avec les mêmes diſpoſitions, & la même exactitude, tout le Languedoc. J’avouerai que l’acqueduc qu’on a conſtruit à Montpellier pour amener l’eau qui ſe diſtribue dans tout les quartiers de la ville, retrace la magnificence & la ſplendeur des monumens que les Romains ſavaient donner à l’ornement & à l’utilité publique. La place du Pérou d’où l’on découvre les Alpes, les Pirenées, & la mer, offre un tableau ſi beau, ſi grand qu’on n’eſt jamais raſſaſſié de l’admirer.

Je retrouvai à Montpellier le Comte de .... qui y était marié & qui l’habitait depuis qu’il avait quitté Paris où je l’avais connu, & avec lequel je m’étais amuſé pluſieurs fois à paſſer pour Anglais, en imitant ceux de cette nation, qui ne ſachant pas bien la langue Françaiſe, en font un baragouin très-plaiſant à entendre. Le Comte me propoſa de