Page:L’Étourdi, 1784.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
L’ÉTOURDI.


ſont favorables pour l’amour, diſpoſent à la tendreſſe, ſecondent à merveille les plaiſirs par les faveurs qu’ils exigent qu’on accorde, & préparent ſouvent à des plus grandes. Il n’y manque que l’occaſion. Peres & meres, maris & amans je vous le recommande ! Ne laiſſez jamais ni vos filles, ni vos femmes, ni vos maîtreſſes ſeules répéter un rôle de comédie. Obſervez-les même, & ſoigneuſement, lorſque toute la troupe répete enſemble, ſinon… Eh bien ! il en arrivera ce qui eſt arrivé à mon éleve, & à beaucoup d’autres experto crede Roberto.

Un jour qu’on nous laiſſa ſeuls, la Demoiſelle me propoſa de jouer Zaïre. J’applaudis à ſon choix. Ma bouche ouvre la ſcene, & en joue une des plus agréables. L’actrice me remontre que je ne ſuis pas dans mon rôle, qu’Oroſmane… Sa remarque eſt juſte… Auſſitôt ma tendreſſe ſe change en fureur : je me précipite vers mon amante : le poignard brille à ſes yeux pour diſparaître dans ſon ſein : elle s’écrie, je me meurs : je deviens furieux…