Page:L’Étourdi, 1784.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
L’ÉTOURDI.


LETTRE XVI.

La Comédie.


MA ſanté s’étant altérée, & ne s’étant pas rétablie, comme je l’eſpérais par les eaux de forges que je pris ſur les lieux où les Médecins m’envoyerent, je fus, ſuivant leur avis, retrouver mes Dieux Pénates, & je reſtai avec eux preſque un an. J’eus tout lieu de me louer de cette derniere ordonnance ; l’air natal me fit le plus grand bien, & au bout de trois mois ma ſanté fut raffermie.

Mais comme je n’ai jamais reſſemblé à ces malades dont Moliere a ſi bien peint le ridicule, qui n’ont d’autre occupation que de ſe médicamenter, qu’il me faut un objet de diſſipation, & que l’amour ne pouvait m’en fournir dans un pays où preſque toutes les femmes ont encore de la vertu, ou du moins les ſots préjugés qui la remplacent ; que je n’avais ni la volonté ni le loiſir de les combattre, j’em-