marchand, pour ſe ruiner & ruiner
vingt familles, dont l’exiſtance dépend
des engagemens que contracte ce marchand
qui vous vend à crédit, & qui,
trompé par vos promeſſes, eſt obligé
de manquer aux ſiennes, & d’enlever
le ſalaire du malheureux ouvrier qui
n’a le plus ſouvent que cette reſſource
pour ſe nourrir lui & ſes enfans.
Quand je réfléchis à ces écarts de ma jeuneſſe, j’en ai le cœur déchiré ! Mais lorſqu’on eſt encore dans la fougue de l’âge & des paſſions, les réflexions n’ont aucun empire ſur nous. Les remords ſont étouffés par les paſſions qui nous maîtriſent, & il n’eſt rien qu’on ne ſacrifie pour les ſatisfaire. J’en ai fait une bien dure expérience, puiſque j’ai diſſipé toute ma fortune, & une grande partie de celle de mes parens pour payer mes dettes. Mais revenons aux affaires.
Je te diſais donc que lorſque arrivait l’époque où je devais payer les billets que j’avais donné en échange des marchandiſes, & que je me trouvais ſans argent, je faiſais, pour en avoir, vendre à grande perte les effets que j’avais