careſſes, & la ſuppliai, en embraſſant
ſes genoux, de ne pas me faire prendre
un état pour lequel je n’avais nulle vocation,
mais beaucoup de dégoût. Mes
larmes ne firent aucun effet. Ma mere
frémit de ma propoſition. Puis, ſe recueillant
en elle même, elle me dit
d’un ton ferme d’obéir ou de rénoncer
à ſon amitié, & à celle de toute ma famille
qui me parlait par ſa bouche —
perdre l’amitié de mes parens ! Ah !
plutôt mourir mille fois, Madame, lui
dis-je, avec des regards & des ſoupirs
qui peignaient aſſez ce qui ſe paſſait
dans mon ame. Dès demain je prens le
voile : il n’eſt rien, non rien que je ne
faſſe pour mériter votre tendreſſe, &
celle de mon pere. Ce n’eſt ; pas l’acheter
trop cher que de la payer de ma
liberté.
À peine eus-je achevé de parler que ma mere me ſerre dans ſes bras, m’accable de careſſes, d’éloges, & me donne les noms les plus tendres. Elle fait auſſitôt part à l’Abbeſſe que je ſuis décidée à renoncer aux dangers qu’offre un monde pervers & trompeur, pour aſ-