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L’ÉTOURDI.


perçus donc que c’était moins à ce que j’étais, qu’à ce que ſont la Marquiſe & la femme du Sénateur, que je dûs leur défaite ; & que, par quelque homme que la ſéduction leur fût offerte, elles n’auraient pas manqué d’y céder. Mon amour-propre fut peu ſatisfait de ces deux conquêtes, & tu ſais que ce ſentiment nous maîtriſe, & que nous lui immolons tous les autres. Ainſi je cherchai fortune ailleurs.

La premiere femme dont je briguai les bontés fut la veuve d’un Baron Flamand, jeune ſémillante, & poſſédant, ſous une taille des plus avantageuſes ; toutes les beautés qui en dépendent ; mais ſi enorgueillie de ſa naiſſance ; qu’elle aurait cru tâcher ſon origine, ſi elle avait ſeulement donné ſa main à baiſer à quelqu’un qui n’eût pas été iſſu d’une famille qui pût fournir des preuves pour entrer à Malthe. Elle ne logeait que dans un hôtel appartenant à quelque Prince, ou du moins, où quelque Alteſſe eût demeuré autrefois. Ses femmes étaient toutes de jeunes perſonnes de condition que le défaut de