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L’ÉTOURDI.


LETTRE VI.

La femme d’un Robin.


VRaiſemblablement ce jour-là m’était deſtiné à remplir les œuvres de miſéricorde, en conſolant les affligées. En ſortant de chez la Marquiſe, je fus chez une femme qui a l’eſprit ſec, le cœur froid, & beaucoup de cette ſenſibilité qui en remplace les mouvemens. Son maintien était ſi modeſte, elle ſavait ſi bien afficher la vertu, & rougir au moindre mot équivoque, qu’il fallait avoir une ſorte d’habitude des femmes pour appercevoir que tout était factice chez celle-ci, qui avait l’avantage d’être la tendre épouſe d’un Robin, maigre perſonnage, extrêmement fat, ayant dans l’eſprit cette morgue, & ce pédantiſme qui n’appartient qu’à eux.

Un léger déshabillé blanc qui ne laiſſait appercevoir du ſein que ce qu’il fallait pour qu’on devinât, le reſte, & dont chaque mouvement excitait un deſir. Des cheveux négligemment noués

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