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L’ÉTOURDI.


deux jours qui m’ont paru deux ſiecles. J’erre d’appartement en appartement ; je cherche partout mon amant, & je ne le trouve que dans mon cœur. Ma mere n’a encore reçu perſonne, & ſa maiſon ne ſera ouverte que ce ſoir. Que les heures me paraiſſent longues & ne coulent rapidement que lorſque je m’entretiens avec le Chevalier, ou avec vous aimable Lucie ! Approche donc moment délicieux où je verrai l’objet de ma tendreſſe. Viens heureux inſtant hâte toi ! Qu’il eſt encore loin !… Midi ſonne ſeulement. & ce n’eſt que ce ſoir que le Chevalier viendra… Que ne puis-je donner des aîles au temps, & faire ſeconder ſa vîteſſe ; à mon ardeur ! Mais qu’entends-je ! quelqu’un vient… Si c’était lui… Adieu ma Lucie, je cours où l’amour m’appelle.

Me voici rendue dans ma chambre. Je reprens la plume, & je ne puis écrire. Mes larmes coulent, & ſe précipitent ſur mon papier. Maudit ſoit des ſots perſonnages. C’eſt le Comte de ... fils du Marquis du même nom, qui eſt venu, voir ma mere… Que je crains