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On vit, dès lors, dans l’Arménie livrée aux ravages des infidèles, le catholicos obligé de transférer son siége de ville en ville, afin de se soustraire à leurs persécutions et à leur tyrannie. Les rois d’Arménie de la dynastie Roupénienne[1], qui occupaient la Cilicie, forcés de demander souvent protection, par l’intermédiaire des papes, aux souverains de l’Occident, et au milieu des troubles qui déchiraient leurs États, négligèrent souvent les affaires de religion.

Depuis la seconde croisade, les relations entre les papes et les rois de Cilicie devinrent de plus en plus fréquentes. La Grande Arménie était dans le désordre et la désolation, envahie par les hordes des Turcs et des Mongols.

On a de la peine à concevoir comment l’Église arménienne, abandonnée à elle-même, au milieu de ces vicissitudes, a pu se soutenir dans son unité, et traverser, triomphante, plusieurs siècles de guerre et d’oppression de la part des Barbares. Les faibles souverains de la Cilicie étaient donc obligés de recourir aux papes ; car l’empire grec lui-même, presque en ruines, ne pouvait plus leur prêter le moindre appui. Les papes, témoins du sort malheureux des princes Roupéniens, essayèrent de réu-

  1. Ces princes étaient issus de la race des Bagratides par Roupên, leur fondateur, parent du dernier roi d’Ani, Kakig II.