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lorsque les Grecs disaient que Jésus-Christ avait deux natures, les Arméniens croyaient que cette définition impliquait la coexistence de deux personnes, idée qu’ils rejetaient bien loin ; et eux-mêmes, voulant, dans leur idiome, prouver leur orthodoxie, en tout conforme à la foi de Chalcédoine, et montrer qu’il y avait en Jésus-Christ une seule et unique personne (hypostase), disaient une seule et unique nature ou essence (pnouthioun), expression qui leur attirait les censures des Grecs.

Plus tard, une circonstance non moins grave que les précédentes vint fortifier les Arméniens dans leur opposition. Quelques évêques grecs et syriens, s’étant rassemblés à Édesse en 482, rejetèrent solennellement le concile de Chalcédoine. Cette nouvelle décision rendue par des évêques grecs, dont la plupart avaient peut-être assisté à ce concile, et qui s’en détachèrent, n’était-elle pas suffisante par elle-même pour raviver et perpétuer les défiances et les doutes de l’Église d’Arménie contre une décision qu’elle craignait d’admettre ?

Le patriarche arménien Papguên, dans une réunion particulière d’évêques de sa nation en 491, anathématisa de nouveau les nestoriens Barsouma et Acace, ainsi que les adeptes d’Eutychès, et se déclara contre le concile de Chalcédoine, mais sans entrer dans l’examen du dogme que cette assemblée avait proclamé. Ce fut donc une simple confusion de mots qui amena la séparation des deux