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quelqu’un (womn) de divin et de tout-puissant, et un autre quelqu’un (womn) sujet aux souffrances, mais qu’il était une seule et même personne ; un enfin, ayant deux natures, l’une divine, et l’autre humaine, par unité de personne et non par confusion de substances. » Ces considérations, en quelque sorte dogmatiques, qui firent rejeter aux Arméniens le concile de Chalcédoine, furent corroborées par des motifs d’un genre différent et purement extérieurs, et entre autres par les discordes des Grecs eux-mêmes, relativement aux doctrines de cette assemblée, discordes qui durèrent de longues années ; au point que les empereurs Basilisque, en 475, et Zénon, auteur de l’Hénoticon, en 476, non-seulement réprouvèrent le concile de Chalcédoine, mais même défendirent d’en parler, afin de faire cesser les troubles en Orient.

Disons encore que la langue arménienne, alors peu travaillée, n’avait pas la faculté d’exprimer avec précision et netteté les abstractions de la théologie grecque, et donnait souvent un sens contraire à la pensée qu’il s’agissait de rendre, et sur l’intelligence de laquelle reposait cependant l’entente des différentes communautés chrétiennes. Les mots grecs φυσίς, οὐσία et ὑπόστασις, c’est-à-dire, nature, substance et personne, ne pouvaient pas être rigoureusement traduits dans la langue arménienne, où souvent l’expression hypostase ou personne (pnouthioun) était confondue avec l’idée de physis ou nature. Ainsi,