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dessein, le sens des expressions et des phrases. Ainsi, dans la lettre du pape Léon Ier, il était dit d’une manière très-orthodoxe que Jésus-Christ avait deux natures, dont l’une opérait les miracles, et l’autre était sujette aux souffrances de l’humanité. Le traducteur rendit les mots l’une et l’autre par l’expression arménienne womn iev womn, expression qui, d’après le génie de la langue à laquelle elle appartient, ne peut s’appliquer qu’à une personne animée, à un individu, et signifie l’un et l’autre dans l’acception de quelqu’un. Le sens de la lettre dans laquelle l’expression l’une et l’autre se rapportait aux deux natures du Christ, était, par conséquent, altéré dans la version par le mot womn ; cette expression semblait relative non aux natures, mais à la personne du Christ, et le mot womn, répété deux fois, avait donné lieu aux Arméniens de croire qu’il était question de deux personnes ou hypostases différentes. Ainsi, la lettre du pape Léon ayant été reconnue par les Pères de Chalcédoine comme orthodoxe et conforme à la véritable définition du concile, les évêques arméniens crurent que ce concile était revenu aux erreurs de Nestorius, tout en condamnant celles d’Eutychès. Depuis lors, ils disaient, en exposant leur croyance à l’égard du Christ, et en faisant allusion à la lettre du pape Léon, regardée par eux comme entachée d’erreur, à cause de la confusion occasionnée par une traduction inexacte, « que Jésus-Christ n’était pas