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rance, comme sont celles de l’idolâtrie, il serait impossible de nous imputer une invention aussi ridicule ; mais cela ne se peut, maintenant moins que jamais, lorsque toute la terre est remplie de la connaissance de Dieu, et que le flambeau de la sagesse éclaire le monde. La première raison pour laquelle nous appelons ce jeûne aradchavork, c’est parce qu’il précède le grand carême et qu’il en est comme l’avant-coureur. En second lieu, c’est parce qu’il est le premier carême qu’imposa saint Grégoire à la nation arménienne, quand il fut retiré de la fosse où il avait été précipité.

Il voulut alors que ceux qui avaient été frappés d’un châtiment céleste jeûnassent cinq jours, afin de se rendre dignes par cette pénitence d’obtenir leur guérison[1] ; c’est pourquoi un grand nombre de per-

  1. Dans l’exposé de la foi arménienne adressé au prince Alexis, saint Nersès explique ainsi l’origine de ce jeûne de cinq jours : « Lorsque saint Grégoire, notre Illuminateur, sortit du souterrain de Khor-Virab, et que se rassemblèrent devant lui le roi d’Arménie Tiridate, qui, par un châtiment de Dieu, avait été changé en sanglier, ainsi que tous les grands du royaume et les troupes tourmentés de l’esprit malin, il leur prescrivit à tous un jeûne de cinq jours, et une abstinence absolue de nourriture pendant ce temps, à l’exemple des Ninivites. Par cette pénitence, il opéra leur guérison. Ce jeûne qui, pour ce motif, fut établi autrefois par saint Grégoire, devint une institution qu’il prescrivit d’observer d’année en année dans l’Église d’Arménie, afin que ses