maison de ma mère m’étant fermée, je m’aperçus,
mais trop tard, de ma faute ; et quoique
je n’eusse pas à me plaindre de Henri,
toujours aussi tendre pour moi, je sentis bien
qu’il fallait, dans l’intérêt de tous deux, trouver
une issue à une position devenue impossible.
Un soir que dans une loge, en compagnie d’un
inconnu, j’assistais à la représentation d’une
pièce dans laquelle mon amant jouait le rôle
d’un jeune homme parfaitement heureux, la
comparaison de la fiction du drame avec la
réalité de notre position me fit, malgré moi,
verser des larmes. Le monsieur, que dans ma
préoccupation je n’avais pas regardé, s’aperçut
que je pleurais. Il me demanda, avec un intérêt
respectueux qui me toucha, ce qui dans un
drame comique pouvait ainsi m’attrister. Ses paroles
étaient douces et sympathiques ; sa figure,
agréable ; il y avait dans son air tant de franchise,
que je ne pus refuser de répondre à ses
questions ; notre conversation se prolongeant, je
finis par lui faire l’aveu de ma folie et de la
triste position où je me trouvais par ma faute.
Page:L’École des biches, 1863.djvu/41
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
L’ÉCOLE DES BICHES