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QUINZIÈME ENTRETIEN


un amant qu’elle aimait, et que c’était un brave garçon, loin de chercher à l’en détourner, vous l’aviez engagée à redoubler de soins, de manière à ce que sa délicatesse ne fût pas mise à une trop rude épreuve.

martin.

J’ai fait ce que m’indiquait le simple bon sens. Nous ne sommes pas les maîtres de faire changer nos sentiments, et pourquoi vouloir posséder seul le cœur d’une femme ? Sommes-nous jaloux si un ami a un ou plusieurs amis ? Pourquoi n’en serait-il pas de même des femmes ? N’ont-elles pas en elles de quoi contenter plusieurs amants ? Vouloir tout l’amour d’une femme, n’est que de l’égoïsme et de l’orgueil. Je soutiens que la fidélité du corps est contre nature. La constance dans les sentiments du cœur me suffit, et c’est la seule que je réclame dans une femme.

louisa (un peu échauffée par le champagne).

Tiens, mon chéri, viens m’embrasser ; tu parles comme un ange. Pour ta peine, je te permets d’embrasser aussi Marie.