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ONZIÈME ENTRETIEN


désirez si ardemment, dites-vous, me paraît fort extraordinaire, surtout pour un homme qui jusqu’à présent a donné des preuves d’un sens si droit. Vous savez que j’ai accordé mon cœur et livré mon corps à un homme de mon choix qui, lui aussi, m’aime autant qu’on peut aimer. Quelque reconnaissance que j’aie de vos bontés, quel que soit mon désir de vous être favorable, comment puis-je changer cet état de choses, et que puis-je faire en votre faveur ? Certes, je puis bien m’abandonner à vous ; mais quel plaisir pouvez-vous espérer d’une femme dont le cœur est ailleurs ?

le comte.

Ce que vous m’opposez, Marie, est une preuve de vos bons sentiments : il ne faudrait cependant pas toujours les porter à l’extrême ; plus votre passion est grande en ce moment, plus grande aussi serait votre désillusion dans l’avenir en y persistant. Ces sentiments exaltés, croyez-moi, ne sont point dans la nature ; quand ils existent, ce n’est qu’à l’état de fièvre, qui