je ? Je risquerais peut-être de compromettre
l’intimité d’une union qui, par notre mutuelle
confiance, a toujours été jusqu’à présent
remplie d’agrément… Avouez donc, cher comte,
ce qui n’a pu m’échapper. Depuis la venue ici
de Marie, vos yeux n’ont pu la voir sans qu’à
votre insu elle produisît sur vous un véritable
effet. J’aurais dû peut-être alors, et dans
mon intérêt, l’éloigner de la maison ; mais
c’était renverser l’espérance de son bonheur,
que j’avais placé sous votre patronage ; je n’ai
pas eu ce courage égoïste ; je me suis sentie
assez forte de votre affection et assez confiante
dans votre loyauté pour tenter l’aventure. Je
vous laisse donc libre d’agir à votre guise, très-persuadée
que ce besoin d’une distraction de
votre imagination ne peut rien sur la solidité de
notre liaison.
Voilà, si je n’en avais déjà eu la certitude, la preuve bien complète de votre excellent naturel. Eh bien ! oui, chère belle, je n’ai pu voir Marie sans qu’il se produisît en moi un senti-