l’aimais avec passion. Pour du plaisir, avant
ce jour, j’en avais bien eu quelque peu dans tes
bras, mais avec Adrien ç’a été bien autre chose.
Outre l’extrême désir que j’avais de connaître
ce qu’une femme peut éprouver dans son union
avec un homme, il y avait surtout ce sentiment
profond et sympathique pour Adrien qui depuis
si longtemps s’était emparé de tout mon être, et
m’aurait fait braver toute considération pour
arriver à le posséder. Ne sois donc pas étonnée
que j’aie tout donné et de si grand cœur.
Puisque nous sommes sur ce chapitre, avoue, mignonne, que malgré la multiplicité des charmes que la nature a accordés à notre sexe, il n’y a pas de femme, quelque parfaite qu’elle soit, qui puisse tenir lieu d’un homme ; et maintenant que je connais par expérience les qualités que possède un amant et ce qu’on peut en faire, je puis bien aimer d’amitié une femme qui, comme toi, a une si bonne nature et tant d’attraits, je puis même avoir de grandes jouissances dans son intimité : mais me passer d’un homme !… jamais !