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SIXIÈME ENTRETIEN


l’aimais avec passion. Pour du plaisir, avant ce jour, j’en avais bien eu quelque peu dans tes bras, mais avec Adrien ç’a été bien autre chose. Outre l’extrême désir que j’avais de connaître ce qu’une femme peut éprouver dans son union avec un homme, il y avait surtout ce sentiment profond et sympathique pour Adrien qui depuis si longtemps s’était emparé de tout mon être, et m’aurait fait braver toute considération pour arriver à le posséder. Ne sois donc pas étonnée que j’aie tout donné et de si grand cœur.

Puisque nous sommes sur ce chapitre, avoue, mignonne, que malgré la multiplicité des charmes que la nature a accordés à notre sexe, il n’y a pas de femme, quelque parfaite qu’elle soit, qui puisse tenir lieu d’un homme ; et maintenant que je connais par expérience les qualités que possède un amant et ce qu’on peut en faire, je puis bien aimer d’amitié une femme qui, comme toi, a une si bonne nature et tant d’attraits, je puis même avoir de grandes jouissances dans son intimité : mais me passer d’un homme !… jamais !