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Il y avait assez longtemps que je n’avais eu le plaisir de converser avec mon ami Louis Lepage, quand, samedi dernier, embarrassé que j’étais pour rédiger l’article de fond de notre petite feuille, je me décidai à me rendre chez lui. Autrefois, nous nous voyions plus souvent, mais Louis Lepage habite actuellement dans la banlieue, forcé qu’il a été de s’y réfugier par la cherté des loyers. On construit de belles maisons dans les quartiers excentriques de Paris, de vastes bâtiments avec des pièces parquetées, des cuisines claires, de larges fenêtres par où pénètrent l’air et le soleil, seulement, car il y a un seulement ; seulement, dis-je, les propriétaires oublient de mettre les loyers de ces beaux logements à la portée des ouvriers qui habitent le quartier, de sorte que ceux-ci, chassés de plus en plus vers les fortifications, finissent par les franchir.