Page:L’Ère nouvelle, numéro 1, mai 1901.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Tout cela, poursuivit Lepage, de l’air d’un mathématicien qui vient victorieusement de résoudre quelque ardu problème, tout cela sans compter qu’il faut avoir sous la main quelques petits millions en réserves monétaires ou en approvisionnements qui permettraient de faire face aux exigences de la situation, car si, à la rigueur, quelques dizaines de milliers de francs suffisent pour subventionner un petit conflit local, quelle somme faudra-t-il pour soutenir la grève de toute une corporation jusqu’au moment où, le stock mondial s’épuisant, il ne restera plus aux puissantes compagnies qu’à s’incliner ?

Et les jaunes, les non-syndiqués ; les jaunes auxquels les bourses des nationalistes et des antisémites demeurent aussi ouvertes que les portes des usines ou les puits des mines ? A-t-on réfléchi à cela ? Non, non, le prolétariat n’est point mûr pour la Grève Générale, et les travailleurs le comprennent si bien que votée ou non ils se rangeront aux vues de la majorité des Congressistes de Lens.