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masse d’esclaves. Tandis que Stirner veut fortifier l’esprit d’opposition, Nietzsche veut imposer une discipline rude pour créer une belle race. Tandis que Stirner n’admet aucune vocation individuelle et ne se soucie pas de l’humanité, Nietzsche estime que chaque individu doit s’imposer une tâche et que l’humanité doit se proposer un idéal. Tandis que Stirner proclame que le Moi est d’ores et déjà un être surhumain, Zarathustra annonce la venue du surhomme. Tandis que Stirner assure que le Moi parfait et indéfinissable n’a qu’à se dépenser, Nietzsche constate que la volonté de puissance oblige toute vie à se dépasser sans cesse elle-même.

Stirner admire dans le christianisme la révolte de l’esprit contre la nature et la société ; mais il condamne l’esclavage où l’Église chrétienne a maintenu les individus. Nietzsche au contraire condamne l’esprit de révolte égalitaire que le christianisme juif a communiqué aux masses ; mais il admire l’effort qu’ont fait les ascètes pour imposer un idéal aux hommes et un sens à la terre.



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