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bach ; Nietzsche y a été conduit en méditant la métaphysique de Schopenhauer et en suivant l’exemple de Richard Wagner. Stirner veut affranchir le moi de tout lien et de toute loi ; Nietzsche prêche le devoir d’originalité et de sincérité. Stirner demande que l’éducation se borne à fortifier l’esprit d’opposition ; Nietzsche exige une discipline rigoureuse. Stirner considère le réalisme comme un progrès ; Nietzsche est un humaniste qui ne voit que barbarie en dehors de l’antiquité grecque. Stirner veut que le sujet triomphe de tout objet ; Nietzsche cherche à absorber dans l’objet — un tout sujet individuel. Stirner est un esprit critique ; Nietzsche est un artiste. Stirner croit au progrès continu ; l’avènement du christianisme et de la Révolution française marquent à ses yeux des étapes importantes ; Nietzsche admire la Grèce, considère le christianisme comme une décadence et souhaite une Renaissance. Stirner est démocrate : il réclame la liberté et l’égalité pour tous ; Nietzsche est aristocrate : son idéal est l’état platonicien.


Dans sa deuxième période, Nietzsche paraît plus voisin de Stirner ; il affirme comme lui l’égoïsme et la liberté, il nie la morale, le droit et l’État, mais,

a) Tandis que Stirner veut opposer à l’égoïsme inconscient de la religion l’égoïsme conscient, Nietzsche se propose simplement d’étudier le caractère égoïste des actes et des sentiments en savant et en