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en usage : quand il croit avoir trouvé une fin nouvelle, il s’empresse de la proposer à l’humanité par la voix du prophète qui opposa jadis le bien au mal, et avec la parole de Zarathustra commence la tragédie de la troisième période.


d) Le Droit


Stirner ne respecte pas plus le droit que la morale. Il ne voit en effet dans le droit que l’expression de l’autorité que les autres s’arrogent sur le Moi. Le droit est extérieur et supérieur au Moi, c’est un droit étranger, le droit du roi, du sultan, du pape, du peuple ou de la société, ce n’est pas mon droit. Pourquoi serais-je tenu de respecter ce droit sacré qui n’est pas le mien ? Les révolutionnaires eux-mêmes sont victimes d’une idée fixe, car ils parlent des droits sacrés de la société ou de l’humanité : ainsi le droit que me donnera la société rêvée par Weitling ne sera pas plus mon droit que le droit que me laisse le despote aujourd’hui. Mon droit, c’est le droit que je me donne moi-même, c’est le droit que je prends, c’est une expression impropre pour désigner ma puissance. On ne prouve son droit que par la force.

L’idée ancienne du droit est une idée religieuse, c’est-à-dire, selon Stirner, fausse[1]. L’égalité des droits telle que la Révolution française l’a proclamée, n’est

  1. Stirner, Der Einsige, p. 230.