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satisfaction de l’égoïsme : Stirner appelle pour cette raison l’homme un égoïste involontaire. En insistant sur cette première définition de l’égoïsme, Stirner a surtout l’intention d’affranchir l’homme des illusions religieuses. Pourquoi, demande-t-il, vous souciez-vous des commandements de Dieu ? Ce n’est pas uniquement, je suppose, pour faire plaisir à Dieu ; non, c’est pour l’amour de vous-même ; c’est pour le salut de votre âme. Ayez donc le courage d’être franchement égoïstes. Sur ce point, les théories de Stirner sont très voisines de celles que Feuerbach a longuement développées dans ses Conférences sur l’essence de la religion.

Cette première définition que donne Stirner de l’égoïsme se retrouve aussi chez Nietzsche. Nietzsche dit par exemple : « Un bon auteur qui a réellement son sujet à cœur, souhaite qu’il vienne quelqu’un pour l’anéantir en développant plus distinctement le même sujet et en répondant intégralement à la question posée. La jeune fille qui aime désire trouver dans l’infidélité de celui qu’elle aime l’occasion de prouver sa fidélité dévouée ; le soldat désire tomber sur le champ de bataille pour sa patrie ; car dans la victoire de sa patrie triomphe aussi son désir suprême. La mère donne à l’enfant ce qu’elle se refuse à elle-même, le sommeil, la meilleure nourriture ; dans certains cas, elle sacrifie sa santé et sa fortune. Mais y a-t-il dans tout cela désintéressement ?... N’est-il pas clair que dans chacun de ces quatre cas l’homme