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cation pseudo-classique des gymnases allemands, cherche à restaurer le véritable humanisme : il estime que dans l’antiquité gréco-romaine est réalisé l’impératif catégorique de toute civilisation[1].


c) La philosophie et l’art


Les théories pédagogiques des deux philosophes sont liées à leurs idées sur les rapports de la philosophie et de l’art.

Stirner, disciple de Hegel, considère l’art et la religion comme des formes imparfaites de la philosophie. L’art réalise dans un corps extérieur l’idéal de l’homme, il projette au dehors les aspirations et les désirs, et crée ainsi, en dédoublant l’homme, l’objet qu’adore la religion[2]. Hegel a donc eu raison de considérer l’art comme antérieur à la religion : il ne suffit pas de dire que ce sont les poètes comme Homère et Hésiode qui ont fait aux Grecs leurs dieux ; pour fonder une religion quelconque, il faut un artiste. Mais l’art qui permet la naissance de la religion en hâte aussi la mort. L’art, en effet, après avoir créé l’objet que nous adorons à genoux, ne tarde pas à revendiquer son bien, à le ramener de l’au-delà où la religion voudrait le maintenir, à le détruire même pour faire place à des créations nouvelles. Ainsi la religion vit en nous enchaînant à un

  1. Ibid., IX, 327.
  2. Stirner, Kleine Schriften, Kunst und Religion, pp. 36-37.