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malédiction : si nous commettons des erreurs de goût ridicules et barbares (skythisch), nous serons anéantis par la tête de Gorgone de la terrible beauté classique[1]. Selon Nietzsche, la philologie doit devenir une philosophie : philosophia facta est quæ philologia fuit ; l’hellénisme a pour lui la valeur que les saints ont pour les catholiques[2] ; ce qu’il espère du nouvel Empire allemand et de Richard Wagner, c’est la résurrection de la Grèce et du drame grec : Bayreuth doit être la nouvelle Athènes.

Dans les conférences sur l’Avenir de nos établissements d’éducation, qu’il fit à Bâle au début de 1872[3], Nietzsche se montre partisan de la culture exclusive, que le réalisme avait, selon Stirner, justement condamnée. Il admet que le nombre des hommes cultivés est forcément très faible[4] ; il y a à peine un homme sur mille qui soit autorisé à écrire ; tous les autres méritent pour chaque ligne un rire homérique. L’éducation formelle devrait donner des habitudes sérieuses et inexorables ; laisser faire la libre personnalité, c’est donner carrière à la barbarie et à l’anarchie ; l’éducation est avant tout une discipline rigoureuse[5]. Pour habituer les élèves à respecter la langue, on ne saurait trop leur proposer l’exemple

  1. Ibid., IX, 3.
  2. Ibid., IX, 34.
  3. Ibid., IX, 217-349.
  4. Ibid., IX, 240.
  5. Ibid., IX, 263.