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Universités allemandes pour devenir professeurs[1]. Il est vrai que les questions pédagogiques étaient presque constamment à l’ordre du jour, au XIXe siècle, particulièrement en Allemagne ; mais Stirner et Nietzsche étaient tous deux assez « inactuels » pour ne pas se laisser guider par les soucis de leurs contemporains. S’ils ont tous deux traité d’abord le problème de l’éducation, c’est qu’à leurs yeux ce problème était primordial ; et, en comparant d’une part les raisons qui leur ont fait attacher tant d’importance à ce problème et, d’autre part, les solutions qu’ils en ont proposées, nous aurons une première donnée sur la différence de leurs systèmes.

Stirner part de cette idée que nous sommes des créateurs et non des créatures. Nos œuvres valent ce que nous valons ; la société a le même degré de perfection que les individus qui la composent. C’est pourquoi il se préoccupe avant tout de savoir ce qu’on fait des individus au moment de leur formation : la question scolaire est la plus importante des questions sociales[2]. L’opinion de Stirner est, en un sens, diamétralement opposée à celle de son collaborateur de la Gazette rhénane, Karl Marx : tandis que l’auteur du Manifeste communiste croit que c’est le milieu

  1. Stirner n’a enseigné que peu de temps dans une institution de jeunes filles à Berlin. — Nietzsche, professeur de philologie à l’Université de Bâle, était chargé (en dehors de son cours) d’enseigner le grec dans un établissement secondaire de la ville.
  2. Stirner, Kleine Schriften. Das unwahre Princip unserer Erziehung oder der Humanismus und der Realismus.