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allemande, a prêché l’égoïsme de la façon la plus absolue et la plus logique, Max Stirner, se trouve en opposition avec Feuerbach. Dans son fameux ouvrage l'Individu et sa propriété (1845), Max Stirner alla jusqu’à rejeter toute idée morale. Tout ce qui, d’une manière quelconque, soit comme simple idée, soit comme puissance extérieure, se place au-dessus de l’individu et de son caprice, est rejeté par Stirner comme une odieuse limitation du moi par lui-même. Il est dommage que ce livre, le plus exagéré que nous connaissions, n’ait pas été complété par une deuxième partie, une partie positive. Ce travail eût été plus facile que de trouver un complément positif à la philosophie de Schelling ; car, pour sortir du Moi limité, je puis, à mon tour, créer une espèce quelconque d’idéalisme, comme l’expression de ma volonté et de mon idée. En effet, Stirner donne à la volonté une valeur telle qu’elle nous apparaît comme la force fondamentale de l’être humain. Il peut nous rappeler Schopenhauer. C’est ainsi que toute médaille a son revers. Stirner n’a d’ailleurs pas exercé une influence assez considérable pour que nous nous en occupions davantage[1] ».

Rapprochons ce texte des passages où Nietzsche nous parle de l’Histoire du Matérialisme. En septembre 1866, le philosophe écrit au baron de Gersdorff : « Ce que Schopenhauer est pour nous, c’est ce

  1. Lange, Histoire du Matérialisme, trad. Pommerol, tome II, 98.