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de Nietzsche[1] ; mais on constate que ce livre a été emprunté trois fois entre 1870 et 1880 : en 1872, par le privat-dozent Schwarzkopf (Syrus Archimedes) ; en 1874, par l’étudiant Baumgartner, et, en 1879, par le professeur Hans Heussler. Or Baumgartner, fils de Mme Baumgartner-Köchlin, qui traduisit en français les Intempestives, était l’élève favori de Nietzsche ; le philosophe l’appelle dans sa correspondance son « Erzschüler ». M. Baumgartner, qui est aujourd’hui professeur à l’Université de Bâle, déclare que c’est sur le conseil de Nietzsche lui-même qu’il a lu Stirner ; mais il est certain de n’avoir pas prêté le volume à son maître.

La question se pose donc de savoir où Nietzsche a rencontré le nom de Stirner. Il se peut qu’on ait prononcé ce nom devant lui chez Richard Wagner ; Wagner avait peut-être entendu parler de Stirner au temps de la Révolution de 1848, par son ami Bakounine, par exemple. Il n’est pas tout à fait impossible non plus que Nietzsche ait lu le nom de Stirner dans quelque chapitre d’Eduard von Hartmann. Celui-ci affirme, en effet, que Nietzsche a dû être frappé par l’analyse des idées de Stirner qui se trouve dans le 2e volume de la Philosophie de l’Inconscient. Nietzsche critique assez longuement le chapitre de ce livre où Hartmann a parlé de Stirner : particulièrement dans le 9e paragraphe de la 2e Intempestive. Nietzsche

  1. Cf. l’appendice de ce travail.