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CHAPITRE PREMIER

NIETZSCHE A-T-IL CONNU STIRNER ?



On ne rencontre le nom de Stirner ni dans les œuvres, ni dans la correspondance de Nietzsche. Mme E. Förster-Nietzsche, dans la biographie si minutieuse qu’elle a consacrée à son frère, ne parle pas de l’auteur de l’Unique et sa propriété. L’œuvre de Stirner était d’ailleurs à peu près oubliée jusqu’au moment où J.-H. Mackay entreprit de la célébrer. J.-H. Mackay nous dit lui-même qu’il ne lut pour la première fois le nom de Stirner et le titre de son œuvre qu’en 1888 : c’est l’année même où l’esprit de Nietzsche sombrait dans la folie. En 1888, Mackay trouva le nom de Stirner dans l’Histoire du Matérialisme, de Lange, qu’il lut au British Museum, à Londres ; puis il se passa un an avant qu’il rencontrât de nouveau ce nom qu’il avait soigneusement noté. Jusqu’à cette date, Stirner était donc bien mort : il doit à Mackay une sorte de résurrection.

Il est certain que Nietzsche a recommandé à l’un de ses élèves, à Bâle, la lecture de Stirner. En consultant les registres de la Bibliothèque de Bâle, on ne trouve pas, il est vrai, le livre de Stirner dans la liste des ouvrages empruntés au nom