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qui vient d’arriver d’Athènes, à Alexandrie, discuter la thèse chrétienne de la résurrection des morts avec un certain Euxithéos de Syrie, un chrétien, qui a été l’élève du néoplatonicien Hiéroclès et qui se rend à Athènes pour étudier « auprès des philosophes » la question de la survivance de l’âme. Le point curieux est l’emploi de la dialectique philosophique par le chrétien Euxithéos pour défendre la thèse d’un monde crée et périssable et celle de la résurrection de la chair. Aux objections habituelles du Grec que nous avons déjà rencontrées plusieurs fois, il répond que Dieu, avant le commencement du monde, a été actif dans l’éternelle procession des personnes, que « les Chaldéens, Porphyre et Plotin enseignent la création de la matière, que, suivant Platon, tout être sensible est créé. De plus le monde doit périr, puisque, selon le Timée, il le peut, et puisque toute puissance doit passer à l’acte. D’ailleurs, Dieu fait périr le monde pour l’ordre, parce que l’ordre exige la production des contraires, donc celle du sensible qui périt en face de l’intelligible qui est éternel.

Pour la résurrection de la chair, Euxithéos essaye d’en faire un dogme hellénique, non seulement en citant les faits de résurrection mentionnés par les Grecs, mais en s’appuyant sur la force de la raison séminale, assez puissante pour rassembler à nouveau les éléments du corps qui se sont désunis ; d’ailleurs l’âme peut-elle ne pas communiquer au corps son immortalité, comme le soleil communique sa chaleur à l’eau ?

Enfin vient Denys l’Aréopagite, ce personnage mystérieux, que l’on a pris pendant tout le moyen âge pour le compagnon de saint Paul ; il doit en partie à cette confusion l’extrême autorité qui s’attache à ses écrits, et l’on ne peut dire combien d’idées néoplatoniciennes passèrent, sous le couvert de son nom, dans la mystique chrétienne. En réalité, cité pour la première fois au concile de Constantinople (533), il ne peut avoir écrit qu’après Proclus (mort en 485) dont il subit l’influence. Ses écrits forment deux groupes d’abord la Hiérarchie céleste et la Hiérarchie ecclésiastique, qui étudient toute la série des créatures capables de recevoir la révélation divine, depuis les plus hautes, le premier ordre d’anges qui touche Dieu sans intermédiaire, jusqu’à la plus basse le fidèle baptisé, chaque être étant considéré comme recevant la révélation du terme supérieur et la donnant au terme inférieur. En second lieu