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nous pouvons être à peu près certains de deux choses : 1o Cette décoration artistique, tout en plaisant aux yeux, fait d’abord et surtout participer les objets au mana de leurs modèles ; 2o La fantaisie de l’artiste n’a été libre que dans des limites assez étroites. Car, abstraction faite des figures stylisées, s’il ne reproduisait pas fidèlement le type d’être mixte qui est dans tous les esprits, il s’exposerait peut-être à de graves inconvénients, et sûrement il mécontenterait son entourage.

Ainsi les œuvres d’art sont l’expression plastique des représentations collectives les plus sacrées, comme certains mythes en sont l’expression poétique, comme certaines institutions en sont l’expression sociale. Si elles s’attachent souvent à reproduire des êtres semi-humains, semi-animaux, elles ne font en cela que traduire la coexistence mystique de la forme humaine et de la forme animale dans les êtres qui sont les objets révérés de ces représentations.

(A. P., pages 53-55.)