seulement comme à un spectacle destiné à le distraire, à l’amuser, à le reposer après d’autres occupations plus sérieuses. Au contraire, acteurs et spectateurs suivent avec une attention fervente, et un respect quasi religieux, les épisodes successifs de ces représentations abstraction faite de quelques intermèdes comiques qui procurent des moments de détente. Ce qui se joue là intéresse la vie même du groupe, et par conséquent celle de chacun de ses membres, qui ne s’en conçoit jamais lui-même séparé, pas même par la mort. Pour que les cérémonies soient célébrées comme il convient, aucune dépense de temps, de force, ni de travail ne leur paraîtra excessive. Il en est qui se prolongent pendant plusieurs semaines ou même plusieurs mois, par exemple celles que Spencer et Gillen ont décrites en détail chez les Arunta.
Il apparaît donc clairement que, chez les Marind-anim, les cérémonies d’initiation, comme celles de fécondité, reposent essentiellement et à peu près uniquement sur les mythes. Elles en sont, les unes comme les autres, des représentations dramatiques. M. Wirz est donc fondé à dire que, si l’on ignore les mythes, on peut y assister d’un bout à l’autre sans y rien comprendre. D’ailleurs ces deux sortes de cérémonies diffèrent plus par leur but que par leur contenu. Celui-ci est toujours puisé dans la mythologie ce sont toujours des mythes que les acteurs représentent, et que symbolisent leurs masques, leurs costumes, leurs ornements, leurs gestes, leurs chants, leurs danses, etc. Seulement, dans les cérémonies de fécondité, les représentations doivent avoir pour effet d’assurer la reproduction et la croissance des espèces vivantes, tandis que dans les cérémonies d’initiation elles ont surtout pour objet d’instruire les novices. Ceux-ci sont censés ne rien savoir, comme des nouveau-nés. Ils ont donc tout à apprendre, et spécialement les éléments les plus essentiels à la vie du groupe ce qu’ont fait jadis les ancêtres mythiques, et ce qu’ils font encore. Ces représentations le leur mettent sous les yeux. Ils y voient les ancêtres donner naissance aux êtres vivants, fonder les institutions, découvrir enfin et inventer tout ce dont leurs descendants tireront avantage.
On comprend dès lors qu’à l’époque mythique les deux sortes de cérémonies, au dire de Strehlow, n’en aient fait qu’une seule. « À l’origine, les altjirangamitjina (ancêtres