avoir d’injustes préférences et donner autant de soins aux filles qu’aux garçons. Pour ces derniers, rien de plus pernicieux que les voyages à l’étranger par lesquels, dans les familles riches, on se croit obligé de compléter leur éducation. « Le jeune Reisedumm, parti de Hambourg à l’âge de 23 ans, dépense en deux ans dix mille thalers. Il revient enfin, la santé ruinée, la bourse plate, la tête pleine de sornettes. Il a « beaucoup de joye » de retrouver en bonne santé monsieur son père et madame sa mère. Il montre bientôt comme les voyages lui ont donné de l’esprit : il trouve les rues de Hambourg trop étroites ; l’air y est trop épais pour lui, la cuisine trop grossière ; le commerce des gens manque de politesse[1]. » L’auteur pense sur ce point comme Leibniz. Il voudrait une loi qui interdît ces funestes voyages. « Le préjudice qu’une ville, que le pays tout entier souffre par là est évident. Combien de jeunes gens, en trois ans de voyages, ont dissipé ce qui aurait suffi à les maintenir, eux et leur famille, pendant toute leur vie[2]. » Et si les jeunes nobles ont tort de gaspiller ainsi leur fortune, que dire des bourgeois qui se ruinent pour les singer[3] ?
Mais quoi, les jeunes gens iront-ils à l’université ? Ce serait le mieux sans doute, si les universités étaient ce que l’on attend d’elles. Par malheur, elles sont tout le contraire. Ce qu’on y enseigne est pédanterie pure, et ne sert à rien ; mais, par manière de compensation, les étudiants y prennent de très