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même ne se prépare, sans qu’aussitôt Leibniz ne prenne la plume. Tantôt il s’adresse au gouvernement français, tant qu’il espère détourner l’ambition de Louis XIV, loin de la Hollande et de l’Allemagne, vers l’Egypte et le Levant, tant que le roi de France n’est pas encore à ses yeux l’ennemi de la paix, Mars christianissimus ; tantôt il écrit à Vienne, aux conseillers d’État, aux secrétaires qu’il a connus dans ses voyages, même aux jésuites ; tantôt enfin il prie son maître, le duc de Brunswick-Lünebourg, d’intervenir. Quand un traité se signe, il signale les précautions à prendre, les réserves à faire, les inconvénients à éviter. Il prévoit de loin les complications qui vont amener de nouvelles guerres ; il se préoccupe longtemps d’avance de la succession d’Espagne et surtout de la succession d’Angleterre. Ainsi dès 1694 il écrit : « Car il est temps de le vuider avec cette guerre (l’héritage du roi d’Espagne), puisqu’aussi bien sans cela toute paix qu’on pourrait faire ne serait que trêves[1] »

La succession d’Angleterre lui paraît encore plus importante, car, outre l’intérêt général de l’Allemagne et du protestantisme, elle touche directement ses maîtres. Dès avant la mort de Guillaume III, en 1698, il correspond à ce sujet avec G. Burnet, évêque de Salisbury, avec la duchesse Éléonore de Brunswick-Lünebourg et avec l’électrice Sophie[2]. En janvier 1701, il écrit des Réflexions sur un escrit anglois qui contient les moyens dont madame l’Electrice de Bronsvic se doit servir pour asseurer le droit effectif de la succession d’Angleterre pour Elle ou

  1. Klopp, VI, 83.
  2. Klopp, VIII, 18-25.