tacher obstinément à l’ancienne idée du Saint-Empire romain germanique, qui pourtant n’était plus qu’une fiction. Il insiste sur le caractère sacré de l’Empire. L’Empereur est le chef laïque de la chrétienté, le défenseur et le protecteur de tous les peuples de l’Occident. C’est lui qui conduit la lutte contre la barbarie et les infidèles, autrefois contre les païens et les Arabes, aujourd’hui contre les Turcs, maîtres de la Hongrie, et dont la menace est perpétuellement suspendue sur l’Allemagne. Cette haute fonction assure à l’Empereur une juste suprématie sur tous les princes chrétiens[1]. Mais Leibniz ne tarde pas à s’apercevoir que cette conception jure avec l’état politique de l’Europe. On ne peut plus subordonner à une couronne impériale sans prestige et sans force les puissantes monarchies de France, d’Angleterre et d’Espagne. Leibniz l’avoue sans difficulté. Aussi bien, s’il tient à l’idée historique de l’Empire, c’est qu’il veut conserver, pour des temps meilleurs, les droits de l’Allemagne sur toutes ses anciennes dépendances. Dans ce cas sont les Trois-Évêchés, Metz, Toul et Verdun[2], et le cercle de Bourgogne. Plus tard, dans la préface du Codex diplomaticus, il mentionne les droits de l’Empire sur la Provence, le Dauphiné, le Lyonnais et toute la rive gauche du Rhône[3] sans oublier Marseille et Venise. Écrivant au comte de Windischgrätz pour lui annoncer l’envoi du premier volume du Codex, il lui explique que l’idée politique de son ouvrage tend à sauve-
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