tique Germanie. Mais qu’avaient de commun les Allemands du XVIIIe siècle avec les vainqueurs de Varus ? Klopstock s’échauffe à froid, et son lyrisme dissimule mal le caractère artificiel de ces drames et de ces odes guerrières. Le genre était trop faux. Il eut beau trouver nombre d’admirateurs et d’imitateurs, les bons esprits en étaient choqués. « On sent, dit Mme de Staël, dans ces poésies un enthousiasme vague, un désir qui ne peut atteindre son but, et la moindre chanson nationale d’un peuple libre cause une émotion plus vraie. Il ne reste plus guère de traces de l’histoire ancienne des Germains ; l’histoire moderne est trop divisée et trop confuse pour qu’elle puisse produire des sentiments populaires. C’est dans leur cœur seul que les Allemands peuvent trouver la source des chants vraiment patriotiques[1]. »
Klopstock était mieux inspiré quand il exprimait le vœu et la confiance que l’Allemagne égalerait, dépasserait même les nations rivales dans le domaine de l’art et de la poésie. L’ode célèbre intitulée les Deux Muses exhorte la muse allemande à lutter avec les poètes de l’Angleterre. Ailleurs Klopstock exalte la gloire de Luther, de Leibniz, de Händel. Il met la poésie allemande au-dessus de la française, parce que « elle parle mieux au cœur ». Il vante la noblesse et la beauté de la langue allemande. Il est ici dans la tradition de tous les écrivains du siècle, qui veulent affranchir le génie national de l’imitation étrangère, et lui rendre, avec une juste fierté, le sentiment de son originalité et
- ↑ De l’Allemagne, p. 158.