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LES VOYAGES

unique abrutissoit leur esprit, privé de l’éducation insensible mais nécessaire, qu’il doit dans la vie champêtre, ou dans celle encore plus agitée de la ville, à la diversité des objets qui l’occupent. On devoit donc s’attendre à voir sortir de ces lieux de rassemblement une race dégénérée et abâtardie[1]. La perfectibilité indéfinie de

  1. Cet inconvénient étoit depuis long-temps senti en Angleterre. Le marquis de Lansdown (plus connu sous le nom de lord Shelhurne), homme d’état dont les lumières égaloient le patriotisme, et qui avoit été deux fois premier ministre, s’entretenant avec l’éditeur de ces lettres, se plaignoit de l’influence funeste que l’accroissement excessif des manufactures de coton et de laine exerçoit sur la population de Manchester et de plusieurs autres villes ; il disoit que la corruption des mœurs y faisoit des progrès alarmants, en même temps que l’on s’apercevoit d’une dégradation sensible dans la force des individus employés à ce travail minutieux et sédentaire ; enfin, tout en convenant des grands avantages que la