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LES VOYAGES

et ne pénetrent même un jour jusqu’à la Chine… ? Mais je m’arrête : pourquoi me livrer à ces tristes conjectures ? quand bien même elles devroient se réaliser, l’événement ne peut être que fort éloigné ; nous ne serons plus alors, et nos enfants eux-mêmes auront depuis long-temps fait place à d’autres générations. Nos affections, ainsi que l’intérêt qu’il nous est permis de prendre aux événements, sont, relativement au temps, renfermés dans des limites assez étroites. Au-delà, tout est vanité ; et si le monde entier est lui-même périssable, si l’on peut aisément concevoir tel accident, qui, en n’altérant que la surface de notre planete, feroit disparoître le genre humain, et jusqu’aux traces de son existence, n’est-il pas insensé de se servir de cette longue vue, que l’on nomme imagination,