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DE KANG-HI

j’essayai inutilement de marcher : il fallut donc faire venir une chaise à porteurs qui me ramena chez moi. En me voyant rentrer ainsi, pâle, défait, et le bras en écharpe, Tai-na jeta un cri perçant et s’évanouit. Elle fut long-temps avant de reprendre l’usage de ses sens ; enfin elle revint à elle, et s’écria avec l’accent de la plus profonde douleur, « le funeste voyage ! » Je m’empressai de la rassurer sur mon état, lui vantai l’habileté des chirurgiens Européens, bien supérieurs aux nôtres ; elle ne me répondit que par un torrent de larmes. Depuis quelque temps elle ne se porte pas si bien qu’à l’ordinaire ; elle est même sensiblement maigrie ; ses beaux yeux sont souvent battus : son caractère est aussi altéré ; elle est triste et rêveuse, mais c’est sans doute un effet du mauvais état de sa santé.